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PARTENZA…

Pour aller à la gare, nous faisons traverser à notre voiture les vieux quartiers où nous n’avons pas encore pénétré ; et voilà que les ruelles affreuses de Santa Lucia nous paraissent non seulement belles de pittoresque, — les autres aussi, si terribles, sont merveilleuses à ce point de vue, — mais belles de propreté, de grand, air et d’aisance.

Oh ! les affreuses visions des vicoli empuantés, où notre cheval, à peine, peut se frayer un passage au milieu des cuisines qui achèvent d’empester l’air ; cassolettes immondes d’où s’échappent lourdes et graisseuses, des fumées, des vapeurs de cuissons atroces, les relents âcres et fades des fritures où mijotent, nagent et crèvent on ne sait quelles victuailles abjectes dont se nourrit le pauvre peuple !

Des maisons hautes de huit étages, huit étages enfoncés plutôt qu’élevés dans l’air épais et sombre que ne traverse jamais — jamais dans cette Naples qui partout ailleurs ruiselle de clartés — aucun rayon de soleil.

Dans la rue le sol est gras et luisant. Les ruisseaux canalisent des fanges qui éclaboussent en feux d’artifice boueux et puants et se collent aux flancs de notre cheval. Et, traînants, passent de tristes et pâles visages de femmes épuisées par l’incessante maternité des pauvres marmots innombrables dont les yeux brillent de fièvre et de beauté entre les cernes rouges et violets de leurs paupières, sur leurs petites joues d’une blancheur de cire vierge ombrées des grandes boucles brunes de leur chevelure !

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