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PARTENZA…

Naples sera bientôt pour moi ce que sont toutes ces choses passées, finies : dans un étincellement d’or, un dessin, un tableau d’un coloris doux et clair qui ira s’effaçant davantage à chaque moment, plus net peut-être dans les jours tristes, quand l’esprit se ressaisit et cherche à se consoler du présent laid et méchant en évoquant le passé…


Voici maintenant la dernière minute de notre séjour ici ; à peine ai-je le temps de courir sur les larges dalles de la Chiaja pour aller vers le Pausilippe, un peu loin de notre hôtel, chez un vannier que l’on vient de m’indiquer, faire l’emplette de paniers et commander une caisse qui devront contenir quelques petits achats n’ayant pu trouver place dans notre bagage.

Dehors, l’échoppe est enguirlandée de pailles de maïs aux tresses jaune pâle gracieusement mêlées à de fines corbeilles d’osier ; il faut descendre deux ou trois marches, et tout de suite grimpent jusqu’au plafond bas des entassements légers de paniers rustiques faits de ces copeaux de bois à reflets luisants sous un bariolage vert, rouge et mauve. — Je me souviens que, très jeune, je recevais de ces boîtes remplies de petits jouets de bois sculpté, petites maisonnettes, arbres naïvement frisés, tailladés et peinturlurés, qui se tenaient très bien debout sur une rondelle de bois jaune. Et tout cela sentait bon, comme ici, la colle, le sapin… et se fleurissait d’insouciance.

J’ai toutes les peines du monde à me faire com-