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PARTENZA…

gravées profondément dans les souvenirs de ma seizième année, me revinrent attirantes quelques mois après quand, pour la première fois, tremblant d’émotion, j’allai fouler cette vieille Terre latine vers laquelle les jeunes têtes se tournent et s’inclinent, avides de connaître ses charmes, et de remplir du rayonnement impérissable des grandes choses disparues l’existence qui se prépare, vide peut-être, mesquine et vulgaire…

Malheureusement, ce fut dans un novembre, aux journées très belles et très limpides, mais si courtes ! que se dévoilèrent d’abord à mes regards les séductions puissantes de Rome. Et je me souvins d’elle comme d’une aïeule au visage défait et sévère, rude aussi, mais dont la rudesse se déride parfois en des sourires où passe tant de langueur, dont les traits ruinés gardent encore de si fraîches beautés, qu’à vingt ans je l’aimai du même amour qu’inspirent les frais regards de l’adolescence, de la même affection pieuse et filiale dont on entoure l’aïeule qui, peut-être, va s’éteindre bientôt. Et j’emportai dans mes yeux le splendide épanouissement des midis clairs et le souvenir des froides matinées embrumées de vapeurs mauves, légères et pénétrantes, dans lesquelles tremblaient les ombres augustes des grandes reliques de pierre, et passaient les graves sonorités de l’appel matinal des cloches…

Cette fois encore, je retourne là-bas dans le décembre glacé et le dur janvier. Je reverrai les mêmes choses séculaires, immuables presque, sur qui sept années auront pesé moins que sept jours sur moi…

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