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PARTENZA…

peuple dont les vivats affolés saluaient sa triomphante nudité. L’ami qu’il s’était donné couronnait son front de myrtes et de bandelettes et nouait à ses pieds des sandales de pourpre aux ornements de bronze ciselé. Cette unique parure laissant resplendir l’entière pureté de sa chair encore vierge, il allait, sous des flots d’azur et de soleil, dans la gloire d’une marche triomphale, porté jusque sur les places publiques, dans la pénombre fraîche des portiques, sur le parvis des temples.

À la ville orgueilleuse l’enfant dévoilait la splendeur fière et ravie de sa chair offerte aux regards depuis les brodequins pourprés à ses talons jusqu’aux feuillages pâmés dans les boucles brunes de sa chevelure, avec seulement, ombres très douces dans la jolie clarté du visage, l’éclatante obscurité des grands yeux noirs, les pétales rouges des lèvres entr’ouvertes et, avivant la blancheur de sa peau, sur son corps tiède et rose de contentement juvénile, dans les courbes impeccables et le frisson des hanches, l’affirmation soyeuse de sa jeune puberté… Sur lui, la musique lente des flûtes, dans le bruit des cymbales, passait acharnée et caressante. La fixité avide des yeux, les murmures de la foule frémissante, les baisers des femmes l’enveloppaient au passage dans le cortège étincelant et nu de ses jeunes camarades. Les filles énamourées l’épiaient du haut des terrasses et jetaient vers lui, comme vers une divinité, les roses effeuillées, le voluptueux balancement de leurs bras, l’encens de leur haleine, la clameur de leur bouche