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PARTENZA…

que ses yeux regardaient au delà dans un lointain que nous devinions tous, la patrie si belle dont il célébrait le Midi marqué des vestiges indélébiles de la beauté grecque, tout imprégné encore de son radieux souvenir. Le Nonce déplorait les excursions faites au cœur de l’hiver alors que l’Italie, frileuse elle aussi, replie sous les vents frais qui passent, chargés pourtant de l’odeur capiteuse des orangers, les splendeurs déployées seulement quand les brasillements du soleil d’août font craquer la terre sous le ciel torride, au temps de la moisson des épis dorés, tandis que finissent de mûrir les grappes lourdes des vignes d’où s’écouleront les vins parfumés, après les vendanges.

Avec des mots gracieux, il traçait en maître les plus jolis tableaux des campagnes fatiguées de chaleur, accablées de lassitude dans le jour brûlant, mais ardentes de beauté, riches de pittoresque, et d’allure éveillée par les beaux soirs très calmes où les pastorales cantilènes s’élèvent en douceur des lèvres épanouies ; où la gaieté du ciel et de la terre trouve un écho dans tous les cœurs, délie les membres superbes des garçons vigoureux et fait plus souriantes les grâces juvéniles des filles dansant au retour des pèlerinages leurs danses chastes et naïves, dans l’air moite du parfum des fleurs et de la rude senteur des herbes fauchées, tiède des effluves de la terre incendiée, avec le grésillement précipité des cigales battant leurs élytres accordées aux rustiques pizzicati des mandolines.

Les paroles de l’évêque violet au profil de César,