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PARTENZA…

gemmes amoncelées, luit un rubis féerique, quintessence d’incendies et de lumières, qui semblait autrefois, avant la profanation, quand il éclatait au soleil dans les musiques des hymnes sacrées et les vapeurs de l’encens, l’ombre d’un infime reflet du regard de la Divinité cachée derrière la porte d’or du tabernacle.

Les moines aujourd’hui sont disséminés. On en rencontre encore par les vicoli, vieux, à la démarche lente, avec des toisons d’argent qui revêtent de reflets blancs et soyeux leurs traits creusés où sommeillent le calme et l’espoir. Ici le cloître est désert ; mais, ailleurs, des monastères ont été convertis en casernes. L’oratoire est écurie, la bibliothèque manège, et le réfectoire cantine. — Dors-tu content, Homais ?…

Dans cette chapelle, la prière s’échauffe au contact des rutilantes matières, en glissant sur les orfèvreries et les pierreries inestimables ; et les pompes religieuses devaient être, dans ce déploiement inouï de magnificences, un magnifique élan de ferventes oraisons. Mais les moines avaient la subtile compréhension des milieux favorables aux épanchements de l’âme : dans les cellules, c’est le recueillement, l’anéantissement de tout l’être qui, après s’être élevé en un rêve mystique jusqu’à la Divinité, retombe dans la pauvre réalité de soi-même et flagelle son corps du fouet dur des renoncements de chaque jour, de chaque instant ; la volonté, sans cesse aux prises avec les révoltes de la chair insoumise, ici, dompte ses tressaillements par les souffrances du cilice, et les austé-