Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
PARTENZA…

royauté d’amour et de gaieté. Tout crie, sous ce beau ciel, l’antique : Panem et circenses !


Après dîner, rôdé le long des quais déserts battus sans cesse par les flots envoyant contre les pierres humides leur plainte amortie sur les varechs. Je vois arriver de loin les sillons qui grimpent en écume blanche sur les crêtes, puis redescendent sillons, remontent, retombent du même mouvement éternel, soit qu’ils promènent les lames dorées du soleil, qu’ils s’allument sous les incendie du Vésuve, s’engouffrent avec des bruits horribles dans le sol entrouvert d’Ischia, ou comme ce soir, très unis, qu’ils apportent d’âcres senteurs marines, le bruit monotone et berceur des vagues frémissantes encore de caresses reçues là-bas, sur les côtes d’Andalousie. Et voilà, dirait-on, qu’elles meurent tout près de moi, dans un frôlement mouillé de lèvres, dans un gazouillis de baisers…

Jamais la nuit ne m’a paru aussi épaisse que sur ces quais de Santa Lucia, et j’ai presque peur, — une peur irraisonnée et très enfantine dans laquelle il me plaît de m’obstiner, — de voir surgir derrière chacun des petits comptoirs où se vendent, le jour, des poissons et des coquillages, des frutti di mare, quelque monstre marin au corps huileux et flasque, au visage squameux de pieuvre, avec des yeux énormes et phosphorescents, avec des clapotis de nageoires trempées, retombant lourdes sur le corps mou en faisant un flac ! qui me donne le frisson ; je n’aurais pas dû m’aven-