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PARTENZA…

blancheurs qui partout se répandent. Je préfère à la piazza immense l’étrangeté mystérieuse du vicolo avec, sur des seuils crasseux, les longs regards de filles en cheveux noirs et luisants, porteurs d’invitations à quelque fête, pleins des promesses galantes déplaisirs bizarres offerts par ces corps de gouges au sabbat, ces corps de goules inassouvies… Mais les belles ont des amants, et les amants ont des rasoirs dont ils jouent à merveille, paraît-il ; et les lèvres des téméraires ruissellent de la tiédeur du sang avant d’avoir goûté aux baisers de la femelle…

Le même chemin qu’hier soir, pour regagner notre hôtel. Nous connaissons maintenant les ensoleillements exquis de la Chiaja, et les verdures de la Villa Reale, et la joliesse des statues nues promises aux regards ; la nuit ne réussit pas à effacer complètement les splendeurs de ce matin, les longues pâmoisons de toutes choses sous les caresses savantes de ce soleil qui fait, depuis les lauriers sans cesse renaissants du tombeau de Virgile, là-bas au Pausilippe, jusqu’au Vésuve sur les flancs duquel l’illusion sertit des incandescences de rubis, s’étirer de langueur la rive aux lignes harmonieuses de cette Naples heureuse et souriante…

J’ai eu tort peut-être de croire aux souffrances, à la misère ; n’est-ce pas voulu, n’est-ce pas la monnaie qui paie l’insouciance et les joies du far niente ? Ce peuple déjeune et dîne de la légendaire pastèque à la pulpe fraîcheet savoureuse ; il ne demande rien que des jeux, des éclats de rire, des chansons et du soleil ; et pour seule ambition désire ne pas déchoir de sa légère