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PARTENZA…

titanesques, les suprêmes achèvements, les irrémédiables désolations.

Les facchini que nous n’attendions guère ici, — mais où ne les rencontrerons-nous pas ? — nous rappellent à la réalité. Ceux-ci sont tout à fait bandits. Par bonheur il fait grand jour, et il y a là, tout près, les casquettes galonnées des employés d’une agence de voyages qui sont pour eux un vague porte-respect, autrement nous serions dépouillés par ces gueux dont nous avons le plus grand besoin cependant, à cause des petits chevaux ou des chaises à porteurs indispensables pour gagner le funiculaire. Par exemple les « chaises à porteurs » ont volé leur nom et ne représentent rien de semblable aux élégantes commodités du grand siècle ; elles sont tellement rudimentaires que la plus déplorable amazone est contrainte de leur préférer les affres d’une équitation forcée, dès qu’elle se sent enlevée sur les épaules de quatre gaillards vigoureux, avec les planches vermoulues, mal assemblées sur deux marnais rotins, qui constituent ce que ces brigands appellent la chaise à porteurs qu’ils se disputent et s’arrachent au milieu de cris et de vociférations épouvantables, tandis que le patient, ou le plus souvent la patiente, se demande avec angoisse ce qu’il adviendrait si, dans une des phases très mouvementée de la discussion, les facchini lâchaient la chaise hissée au-dessus de leurs têtes, pour en venir aux mains…

Sur un très bon petit cheval je continue l’ascension. Elle commence à devenir vertigineuse malgré la har-