Page:Achilles Essebac - Partenza-vers la beauté.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
PARTENZA…

du rêve de mon rocher de Gibraltar contre les banquettes du wagon, et, des vomissements embrasés du Vésuve, mes regards s’arrêtaient à la lampe fumeuse jetant sur chacun de nous sa mauvaise clarté jaunâtre et vacillante qui modifie les visages et creuse en place des yeux, deux trous énormes.

Notre jeune voisin s’était arrêté de jouer ; devant sa grâce les ombres du quinquet blafard ne pouvaient rien, tant il paraissait tenir des dieux la juvénile sérénité de sa figure. Le voyant endormi auprès de son robuste compagnon, tel Bacchus adolescent, les yeux clos, ingénument abandonné sur l’épaule de Silène, l’obsession de cauchemar devint une vision de rêve…

. . . . . . . . . . . . . . . . .


Toujours la même arrivée, le soir, dans les grandes villes qui s’annoncent au loin par la réverbération de mille clartés. Nous devinons Naples, là-bas, parmi le noir enveloppant dont le tissu épais se déchire tout d’un coup sur les lumières éblouissantes de l’électricité.

Oh ! les facchini navrants que nous trouvons ici, avec de pauvres yeux noirs allumés, humbles et suppliants, dans leur brune figure ; des yeux de peine et de misère, convoitant, dès notre sortie de la gare, nos personnes et nos bagages. Leur foule est grouillante dehors. Ils grelottent dans l’extrême fraîcheur du soir, sous leurs mauvaises loques, débris de vêtements anglais coupés par le bon faiseur, mais dans un tel état !… Aucun bourgeron, aucune blouse, aucun