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PARTENZA…

Cependant nous allions vers Naples ! Dès les premiers pas dans ces champs de fécondité qui sont le prélude des immortelles splendeurs de la Grande-Grèce il va nous être donné de contempler la gracieuse antithèse de l’homme fruste et sauvage de Cassino. Et ce ne sera ni par le charme d’une jeune fille, ni par la grâce souriante d’une femme que nous serons initiés aux précieuses sensations qui firent si douces les délices de Capoue toute proche ! Vais-je pas m’en plaindre ?

Un bon gros garçon d’une vingtaine d’années monte et prend la place du bouvier descendu ; un jeune homme, un enfant presque, l’accompagne ; celui-là épais, jouflu, disgracieux, les traits déformés sous l’accroissement immodéré de son corps élargi comme une outre pleine ; celui-ci, le jeune homme, éblouissant d’une étrange et complète beauté. Son délicat visage aux lignes harmonieuses est d’une régularité souveraine ; tout est jeunesse dans la douceur des lèvres, dans les courbes mutines des sourcils ; son cou est fin, le contour de ses épaules est précieux et flexible, son teint pâle donne un air de suprême élégance et de distinction rare à sa personne ; les boucles de sa chevelure ambrée, d’une finesse féminine, caressent doucement le front le plus spirituel du monde ; enfin la sensualité de ses yeux rieurs, aux larges prunelles mobiles d’un brun roux chaud et rayé d’or, éclairent l’obscurité troublante des vers de Virgile, le Virgile amoureux et tendre des Bucoliques :

Formosum pastor Corydon ardebat Alexim…