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LUC

ves de Chloé. Daphnis vient d’être retiré par elle, avec l’aide d’un bouvier qui passait, d’une fosse où l’avait entraîné sa course après un bouc furieux. De la terre, par endroits, a sali l’unité mâle de ses membres robustes : « Si résolut de se laver afin que Lamon et Myrtale ne s’aperçussent de rien. Venant donc avec Chloé à la caverne des Nymphes, il lui donna sa panetière et son sayon à garder, et se mit au bord de la fontaine à laver ses cheveux et son corps… Chloé le regardait, et lors elle s’avisa que Daphnis était beau… Elle lui lava le dos et les épaules, et en le lavant sa peau lui sembla si fine et si douce, que plus d’une fois, sans qu’il en vît rien, elle se toucha elle-même, doutant à part soi qui des deux avait le corps plus délicat. — Liv. I. »

Julien s’est arrangé pour que jamais, malgré son désir, Lucet ne rencontrât le modèle de sa Chloé d’ailleurs reléguée au second plan. Mais il rêve à la Chloé qui sentira un jour sur sa chair apeurée et ravie les étreintes, les baisers et la chair en joie de ce Daphnis. S’il désire pour lui Chloé, vierge en qui se répéterait son image merveilleuse, il craint, pour cette belle image de Lucet, Lycénion. Et quand, le matin, des lignes violacées cernent les yeux de son petit modèle, Julien interroge ses regards et redoute la science de cette femme…