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LUC

mêlées monteront vers les frises, s’étendront sur la foule charmée ; et la foule l’aimera, lui, par elle ; et la foule tressaillera sous l’emprise charmeresse de cet enfant homme et de cette fée femme ! Oui, oui, voilà ce qui est ! André Bizet lui a fait recevoir son drame biblique : Marie-de-Magdala. Elle sera, elle, la courtisane énamourée de tous ; elle renonce à l’amour de tous après que Iésous a blâmé ses désordres ; mais, comprenant mal les enseignements du Maître de Nazareth, elle ne délaisse les riches et les puissants que pour aimer davantage l’humble et le candide pâtre Iohanam… Lucet sera Iohanam. Il aime Marie la pécheresse ; il la surprend aux pieds de Iésous, s’emporte, insulte le Sauveur qui, sublime de douceur sereine, pardonne, conquiert et disparaît au milieu des palmes jetées sur son chemin ; cependant que les éphèbes et les vierges d’Israël, sur le nebel, sur le kinnor, accompagnent leurs chants d’allégresse…

Déah Swindor n’a pas voulu confier à une femme mal travestie ce rôle de Iohanam, ni à la fausse jeunesse d’un cabotin trop mûr. Elle a pensé à Luc Aubry, certaine, pour le petit comédien, d’un succès à la mesure de son gracieux talent.

Et tout cela est dit si joyeusement, avec un tel mouvement de vivacité et d’élégance au milieu de cet atelier où tout est pris dans le mystérieux envol d’une surhumanité heureuse et comblée, que Julien est sur le point de saisir Luc entre ses bras et de mordre dans la chair rouge et savoureuse de sa bouche… Mais Luc se déshabille pour sa dernière pose ; et Julien évoque déjà les transformations de chaque soir au théâtre, il se préoccupe du costume, de la