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LUC

de se connaître depuis longtemps que tout de suite l’aimable bonté de Mme  Marcelot mit à l’aise le candide empressement de Lucet. Et comme sa jolie interlocutrice tendait la main au petit chanteur il crut pouvoir, élégamment, la porter à ses lèvres ; et cette bonne grâce de belle tenue surprit et ravit Mme  Marcelot par son irréprochable correction. Elle n’hésita plus, s’étant promis de le lui proposer à la première occasion, et obtint de Lucet qu’il parût chez elle et se fît entendre. Cette invitation était son propre plaisir autant qu’un caprice de Nine, — ainsi nomma-t-elle simplement sa fille, — et elle voulait, réunissant dans le grand hall de son appartement tout ce qu’il peut contenir d’amis et invités, faire ceux-ci juges du talent et de la gentillesse de celui dont elle fit aussitôt son petit protégé.

Luc n’était pas à l’âge où la conscience de ce talent développe une inévitable vanité, il accepta, confus au contraire d’être l’objet d’une semblable attention dont toute sa petite personne fut ravie. Mme  Marcelot avait cru devoir subordonner son engagement à l’acceptation de la maman de Luc, il lui assura d’avance son acquiescement.


M. Letourneur, finement aimable, réservait une joie encore à son petit élève et il bénissait la coïncidence qui lui permettait, ce jour, de faire deux fois heureux l’enfant et le précoce virtuose.

Dès que Lucet fut rentré rue de Clichy, le maître de chapelle se présenta chez lui, jugeant digne de ce déplacement extraordinaire la haute mission dont il était chargé. M. Letourneur apportait une invitation