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IV

Luc n’éprouvait aucun embarras au milieu des artistes réunis au foyer des Agriculteurs où l’un après l’autre ils arrivaient. L’assistance nombreuse fêtait comédiens et musiciens ; les applaudissements apportaient dans le salon contigu à la scène, la griserie du succès et de la renommée. Luc, tout jeunet et tout simplet, dans le milieu compliqué où il se trouvait soudain transporté, prenait avec ivresse sa part de cette surexcitation particulière où se mêle, au chatouillement doux de l’amour-propre caressé, la joie supérieure et comme maladive de toucher dans un être les fibres susceptibles de noblement tressaillir au contact de la beauté. Cette beauté faite d’une étincelle jaillie de soi-même touche le public, allume en lui la flamme de l’enthousiasme et laisse pour longtemps dans son souvenir le réconfort et la chaleur de l’idéal.

Luc était d’un sang-froid étonnant ; mais comme il venait d’apercevoir, en se penchant hors la baie