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LUC

Le théâtre avait été la grande passion de son adolescence, et cette passion demeurait la joie de sa jeunesse. Servie par une haute culture, elle nese reportait qu’aux nobles productions de la littérature dramatique ou de la musique et en dédaignait les misérables déformations. Son deuil de veuve était un obstacle qu’il lui plaisait de tenir élevé contre ces goûts. Un jour ou l’autre elle ne refuserait pas l’occasion offerte de renouer ses souvenirs anciens aux actualités des répertoires nouveaux de la Comédie Française ou de l’Opéra ; elle ne recherchait pas cette occasion.

On l’avait vue une fois ou deux assister aux concerts de bienfaisance donnés, au profit des œuvres paroissiales, à la salle de la Société des Agriculteurs, rue d’Athènes. L’intention pieuse de ces fêtes artistiques en faisait, pour Mme  Marcelot, le seul charme.

Précisément un de ces concerts avait été annoncé pour le dimanche de la Passion. Des noms illustres figuraient sur l’affiche. Le premier eût seul suffi à remplir la salle des Agriculteurs. C’était celui de la célèbre comédienne, Déah Swindor dont le nom est, dans les cinq mondes, synonyme d’extravagance et de grand art ; la première et le second étant également chers à l’inimitable femme ; l’une et l’autre admirablement servis par une réclame savante jointe à un génie sans rival.

Tout ce que nos scènes subventionnées comptent de talents superbes ou gracieux devait paraître dans le festival charitable. En donner le programme ce serait quintessencier les plus magnifiques expressions de l’art religieux, fût-il, cet art, aux mains d’un Musset ou d’un Haydn, d’un Hugo ou d’un Méhul,