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LUC

Lucet fut atterré…

Edouard rentra avec lui rue La Boétie ; il épuisa toutes ses câlineries raisonnables. Les beaux yeux rougis de Lucet et la pâleur mortelle de son visage, accentuée à cette rougeur, marquaient l’inutilité de ses efforts… Luc se sentit désespérément seul, atrocement seul… Et la maisonnette de Nanterre vivait dans son souvenir…

Il prit une voiture et porta des fleurs en quantité au cimetière Montmartre sur la tombe de sa mère… Il resta longtemps devant le modeste petit monument, dans une allée écartée face à la simple croix où le nom et le petit nom de sa mère étaient écrits. Et la tombe, dans le soleil doré, ruisselait d’une infinie quiétude, d’une infinie désolation… Luc resta longtemps, seul, désorienté dans le calme parfait des tombes… Il se prit à parler un peu… Sans doute étaient-ce, ces mots, des prières… Il parla un peu, le cœur gros, pensant à Nine et à Julien… et leur chagrin redoubla sa peine.

Lucet garda sa voiture et fit quelques courses dans la soirée.

En rentrant, il brûla des lettres et des lettres… Quand il vint à celles de Fanchette il pensa à l’impossibilité de jamais en connaître l’auteur !… S’il connaissait la main charmante qui les écrivit, peut-être reprendrait-il courage !… Il les sortit de leurs enveloppes, l’une après l’autre, les baisa, et, l’une après l’autre les jeta au feu… et toute son âme s’en allait avec elles, pour ce que leurs brèves fumées rappelaient de choses exquisement douces, à jamais achevées…