Page:Achille Essebac - Luc.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LUC
277

taller un interne qui a l’ordre de l’envoyer chercher au premier indice d’une délivrance certaine que son pronostic remet au surlendemain.

Luc fut bouleversé de cette coïncidence avec ses examens.


Il joua dans On ne badine pas avec l’Amour le rôle de Perdican. Il fut le délicieux amoureux de Musset, délicieux d’audace jeune et de svelte distinction ; et le timbre musical et mordant de sa voix, la précision délicate et sobre de ses gestes, toute son attitude élégamment aisée furent un ravissement. Il n’était pas l’amoureux, il était l’Amour. Non pas celui qui se galvaude, dompte et ricane de son triomphe facile ; non pas don Juan, le magnifique et le joyeux… Il était le héros tendre de Musset, celui qui se fait pardonner d’être si beau, d’être l’aimé, par sa divine simplicité, par sa jeune grâce endolorie, par sa joliesse compatissante même dans l’ignorance ou dans la science de ce que font naître, cette grâce meurtrie et cette virilité parfaite, de tourments et de douleurs en ceux qui le voient, le regardent et ne peuvent plus se détourner de lui…

Le public, dans la salle, lui fit une ovation sans égale…

Les pontifes donnèrent le premier prix à un pauvre garçon, lamentable élève et ombre d’un cabotin, commandeur de la Légion d’honneur !

Lucet avait « perdu son temps » à jouer dans les théâtres, violant ainsi les règlements de l’Administration. L’Administration lui fit bien voir qu’elle n’aimait pas à être violée par de jeunes hommes comme lui…

8**