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LUC

Edouard ne sait pas cela ; personne ne sait cela ; mais les détails que Lucet arrache maintenant à son petit ami précisent ses craintes :

— Julien et Jeannine sont des jours et des jours sans se parler. Aucune scène, aucune colère, aucun reproche ne viennent alléger le poids horrible du silence…

C’est le mutisme affreux, lourd de méditation, de regrets, de douleurs, de désespoirs !!! Oh ! Nine, les yeux charmeurs de Nine… et les amitiés de Julien !!!

Et c’est en lui que ces deux êtres trouvent la cause de leurs tortures et par lui qu’ils font intolérable leur existence !!

Luc espère encore. Son prix au Conservatoire, la Comédie-Française, toute une vie nouvelle qui va l’arracher aux théâtres — où dix fois des directeurs l’ont retenu à prix d’or — pour consacrer définitivement son talent et le dégager d’entre les promiscuités douteuses des coulisses équivoques et des mauvais cabotins. Luc attend cela encore. Mais cela lui manquant, alors…

Et quand le pauvre enfant songe à tout ce qui n’est plus, la maisonnette de Nanterre, Jeannine, Julien, les bonnes causeries, les chères extases de jadis, l’obsession de la douleur pèse sur lui ; des larmes voilent ses beaux yeux d’eau verte très doux et très aimants ; il ne peut pas les retenir et pleure silencieusement tout seul…


La veille des examens au Conservatoire, Edouard vient prévenir Lucet qu’une religieuse est arrivée chez Nine depuis quelques jours ; le docteur est venu ins-