Page:Achille Essebac - Luc.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LUC
253

à jamais tout briser… Mais Jeannine souffre, la plaie est douloureuse et, douloureux, le pansement soulage sa fièvre… Elle ne se sent plus la force de résister à l’appel du jeune homme. Elle ignore tout de ses intentions, et l’énigme se dresse des suites de son aveu ; mais quand même il lui faut crier et pleurer sa faute et que quelqu’un l’absolve ou la maudisse… Tout plutôt que la solitude de sa douleur et de son angoisse !  ! Elle retient son souffle comme moins peut-être elle retiendrait son âme prête à s’exhaler :

— … Oui… je l’ai aimé…

Julien voulut savoir encore. Il savait, il voulut être certain. Les parents s’en étaient allés, peu inquiets de laisser ensemble les jeunes gens… Nine répondit encore :

— … Oui… cette nuit-là… tout entière… sans réserve… Mais j’étais folle, Julien, je vous assure, depuis des mois… et lui… lui…

Des mots se perdirent, tellement faibles, dans le silence !… Elle éclata en sanglots, délivrée, enfin ! quoi qu’il pût advenir de l’aveu qui secouait à nouveau tout son être empreint du charme actif et irrémédiable de l’adolescent… Julien éclairé sur ce qu’il savait, certain, mais épouvanté de ce crime, Julien retint la tête adorée de Nine comme il eût attiré vers lui le visage maintenant chéri de Lucet ; et ce fut à lui de trembler contre celle qui résumait dans la douceur soyeuse de ses boucles fines, dans l’éclat fatigué de ses yeux, dans la meurtrissure rose de ses lèvres et la délicatesse élégante de ses formes, toute la beauté de Lucet, la chair même, l’empreinte, l’Empreinte de Luc Aubry, dont la proche et certaine floraison comble de

LUC
8