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dues, désirées, que ses craintes sont vaines de blesser l’amante sur qui ses regards et les mots hésitants de ses lèvres, au contraire, se vont répandre comme un baume autour d’une blessure douloureuse qu’il faut bien voir et toucher pour la panser.

Ils parlent de Lucet, — même ils le nomment encore Chérubin — mais Nine tremble à ce nom. Leurs paroles furtives et peureuses, insensiblement se font moins brèves, plus rassurées, complices des mêmes douleurs, des mêmes chagrins, des mêmes appréhensions.

C’est le soir.

Jeannine et Julien se sont un peu écartés des parents ; mais ils demeurent, comme toujours, sous leurs regards. On est aux derniers jours d’octobre. Des feuilles et des feuilles encore voltigent ; la sérénité de leur vol est apaisante. Parfois elles tombent sur la tête, sur les épaules, sur les genoux ; elles frôlent en passant les cheveux ; et les robes en marchant les traînent à leur suite… Le soleil est d’or à son couchant ; il répand sous les arbres des buées rougeoyantes et vermeilles… Et les arbres, sur le couchant, se profilent en silhouettes de bronze ourlées d’or…

Ils parlent de Chérubin… L’Angelus sonne… Le soleil chancelant a fléchi sous les branches ; il n’en reste, au ras de terre, qu’une abondante poussière rouge qui lentement se fait rose, lilas, mauve, bleue, et pâlit sous les arbres et sur les pelouses lointaines du parc.

Lucet… Iohanam… Chérubin !!! Ils voudraient pleurer tous deux… L’Angelus s’éteint mol et mélan-