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LUC

il voulait douter encore, bien que l’évidence ne lui en laissât pas le moyen. Mais la trace de ces quenottes et le spasme que révèle la folie de cette empreinte, dans laquelle se pâme encore la chair énervée de Jeannine, et se cabre le jeune triomphe de Lucet ne laisse plus aucun doute à Julien…

Donc cela est. Cette Nine dont le va-et-vient dégagé emplit la vaste salle à manger de gentils froufrous, ce jeune homme dont la grâce charmante demeurée de son enfance se pare des stigmates certains d’une virilité mise à l’épreuve et qui fatigue étrangement ses beaux yeux et fait plus désirable encore sa beauté meurtrie, ces deux gamins viennent de se donner l’un à l’autre ! Dans leurs bras vibre encore le rythme haletant de la chair frissonnante ; dans leurs regards des voluptés demeurent répandues en les caresses des cernes bleuâtres ; leurs lèvres goûtent encore la saveur échangée de leur bouche profonde, et…

Le plus fatigué c’est Luc. Julien voit dans la lassitude de ses gestes l’ardeur de ses étreintes ; dans la mélancolie de ses yeux la fièvre de sa jouissance ; et comme il se lève pour aller s’habiller et se préparer à partir, le galbe nerveux de ses jambes s’inscrit dans la coupe savante du pantalon qui révèle aussi l’attache élégante des cuisses aux hanches tièdes dont pas un duvet ne trouble le poli et dont une large fossette adorable s’incurve en leur rondeur d’affolante beauté… Et tout, tout le corps qu’il connaît si bien et qui s’exprima cette nuit même dans l’audacieuse nudité qui désarma sa colère et déchira son cœur d’un impossible amour, tout ce corps se devine dans