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LUC

l’aménité assez ombrageuse, ne voyant en Luc Aubry aucune concurrence possible à ses pitreries massives, se contentait de pontifier onctueusement, ce en quoi se manifestait d’ordinaire sa façon d’être gracieux. Julien arriva au fait sans détour. Il exposa à Luc le désir que la vicomtesse de Céailles avait de lui voir jouer auprès d’elle, avec une troupe choisie comme elle savait le faire, les deux premiers actes du Mariage de Figaro, Luc étant Chérubin !

La Comédie-Française, l’Odéon et le Conservatoire furent suffoqués de la proposition. Yolande Ablett, qui jouait les travestis avec une aisance relative, faillit sauter aux yeux de Luc qui ne se méprit point à la colère traduite, avec une garçonnière poignée de main, en un : « Mes compliments… Mademoiselle !… » dont la douceur voulait mordre en caressant. Ah bien ! Luc s’en moquait un peu de son «…Mademoiselle ! » à cette petite roulure androgyne.

Jouer Chérubin ! Jouer Chérubin ! Et sur quel théâtre ! Luc fit sauter comme un gosse la bourse d’or que lui avait remise la comtesse Raymond, et chercha dans les environs du boudoir luxueux où il allait se déshabiller à quel pauvre il pourrait faire l’aumône de cette libéralité superflue, maintenant qu’il allait être Chérubin !…

Dans l’étincellement des lumières, des soieries, des bronzes et des tableaux de maître où, par gâterie et grâce à l’amitié de Julien Bréard, on l’avait installé, il ne trouva pas, et se résigna à glisser la bourse dans la poche de son pantalon. Julien l’ayant laissé seul, il commença de se déshabiller, ce qui avait toujours été une joie pour lui ; il se promena tout nu sur le