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LUC

plus prodigue d’espoir à l’adolescence qui les réalisait tous dans les courbes hallucinantes des membres flexibles sous un déshabillé de soie — aucune vision d’éphèbe nu dans l’adhérence d’un maillot complice de sa beauté, n’avait charmé les Parisiens à l’égal de Luc Aubry ! C’était, cela, concevoir assez étroitement les mérites du petit comédien ; mais, comme peintre, Julien se réjouissait que les masses inéduquées dussent cette joie des sens à son ami, cette joie des sens qui eût ravalé Lucet au rang des grues obscènes de beuglants, n’était une inégalable perfection d’attitude et une science parfaite du théâtre que peut-être le Conservatoire allait reconnaître en la récompensant.


Ah ! ces examens dont l’échéance approche, pourquoi Luc s’en montre-t-il si préoccupé, si tourmente ? Julien s’épuise à lui dire le cynisme des coteries, l’envieux acharnement contre le succès, le caprice des examinateurs repus et rentés, Brid’oisons tuteurs grotesques du génie. Il essaie d’atténuer pour Lucet l’importance de ces concours où rarement la consécration laurée se pose sur le front qu’il faut ! La consécration est venue déjà, et directement, du grand public. Luc reçoit invitations sur invitations ; les salons les plus sélects le réclament ; de brillants cachets lui sont offerts — et sa correspondance amoureuse, au théâtre, déborde d’hommages ardents, passionnés, auxquels même il ne répond jamais et qui ne se lassent pas.

Non ! ce Conservatoire obsède l’esprit de Luc bien qu’il ne puisse espérer aucun prix dès sa première année. Mais s’il lui fallait n’être pas récompensé la