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LUC
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étreinte habile, elle saisit Lucet, lui ploie les reins, et tous deux roulent ensemble sur le plancher ; elle maintient le jeune homme sous la pesée enveloppante de son corps… Luc retire encore sa bouche, la louve la lui prend de force… Aussitôt elle sent l’enfant qui ne se débat plus consommer en elle l’œuvre de la chair… Pressée d’en finir, espérant un autre client, ou lasse de se prêter, elle s’arrache au spasme d’un mouvement brutal et canaille ; elle gueule d’une voix rauque et voyou en prenant ostensiblement son bidet de cuivre nickelé sous la toilette :

— Ben vrai ! fallait rud’ment qu’t’en aies envie !…

Elle fait, devant le petit comédien, sa lessive immonde d’un geste dont le cynisme et l’ignominie surpassent tout ce que Lucet pouvait imaginer de honteux et d’insolent dans l’obscène.

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Luc se rhabille dans l’escalier, met sa cravate et son faux-col dans sa poche, noue un foulard — le mince foulard de soie que sa maman n’oublie jamais de mettre dans sa poche — autour de son cou, retient ses sanglots pour demander « le cordon » et, dans la rue, se met à pleurer comme un enfant…