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indiciblement beaux. L’Amant, ces jeunes formes dont l’ineffable pureté frôle en passant les jasmins blêmes et fait pencher les tournesols d’or… L’Amant, la bouche fleurie de sang ardent qui, dans le rapprochement des lèvres, enfante les jeunes baisers. L’Amant, la fraîche bouche incomparable dont la grâce mélodieuse parcourt avec un charme hallucinant les gammes sans égales de l’amour. L’Amant, ces bras magnifiques et veloutés et ces jambes cambrées pressées de se nouer en l’étreinte prodigue de leur luxure et de leur joie… L’Amant, qui se repose impérieux et doux au ventre souple de l’Amante, et met en feu les flancs ouverts à la tension de sa chair et les rafraîchit de sa fécondité… L’Amant, le Printemps, la Beauté, la Jeunesse et la neuve Virilité avec ses étonnements pervers, ses hardiesses gamines, l’effronterie des fringales qui veulent ignorer la satiété. L’Amant : Lucet, éphèbe merveilleusement nu et désirable…

Et la courtisane délaisse les amours compliquées, prend à pleine bouche la simplicité candide du pâtre, et, pour la joie de les bercer, éveille en cette chair fruste les voluptés qu’apaisera sa chair savante… Déjà c’est la pitié inclinée vers les humbles ; l’aumône de la joie ; l’amour du beau ; le renoncement au pharisaïsme facile des heureux ; la marche vers la Charité… Marie de Magdala a suivi de loin — oh ! de très loin, elle que tout homme recherche et dont se détournent les foules — le Maître de Nazareth. La Lueur surhumaine, qu’ont mal vue ses yeux dans l’éloignement, éclaire confusément son cœur de fille, et le Sermon sur la Montagne, en elle ne déploie ses