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LUC

Dans le tiroir un gros sachet d’iris a semé son frais arôme ; le maillot embaume entre les mains de Luc. Voilà aussi les sandales de cuir, la tunique de bure, la toison, tombant de l’épaule jusqu’à la ceinture faite d’une torsade brune en poils de chameau ; il y a aussi, pour mettre sous la tunique courte, une brassière de lin blanc échancrée au col et sans manches. Le joli pâtre tout à l’heure ! — Si Nine voyait çà de tout près !…


Alors Lucet poursuit ; il s’assoit sur un divan tant soit peu défraîchi, face à la grande glace encastrée dans le mur ; il déboutonne ses bottines, s’avance jusqu’au tapis, laisse tomber son pantalon qu’il porte retenu par une petite ceinture de soie noire bouclée d’argent ; il enlève son caleçon de batiste rayé rose et, sa chemise jetée sur le divan, il s’attarde à regarder ses chaussettes noires monter vers ses mollets ronds et couper de leur ligne nette la nudité pâle de ses jambes. Il s’aime alors et veut s’amuser de lui-même ; il penche sa tête sur son épaule, élève son bras et le baise au plus près. Nu, il verse l’eau dans la cuve de porcelaine, plie à terre un grand peignoir sur lequel il pose ses pieds, trempe une belle éponge dorée dans l’eau laiteuse d’une addition de vinaigre parfumé et la promène, humide, surtout lui. Ses jambes sont polies et leur éclat s’exalte sous la rosée qu’épandent lentement ses mains fines, des talons au creux des reins cambrés ; des chevilles aux genoux… Et des gouttes embaumées glissent des épaules, sinuent le long du torse mobile dont la belle forme se soulève et frissonne,