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De Rosalie à Charles.


1er déc. 1789. — …Après le pénible récit des événemens publics[1], je vais commencer à te parler de nous. Le 20 mai, nous avons vu revenir mon Père et mon oncle. Tu comprends quel déficit a fait ce voyage de Hollande. Ce n’est qu’avec la plus sévère économie et les plus grandes privations qu’il nous est possible de vivre. Au mois de juillet, nous avons vu arriver Benjamin et sa femme. D’après les goûts de Benjamin, nous nous attendions à voir une perfection, et nous fûmes étonnés de la trouver très laide, le visage labouré de la petite vérole, les yeux rouges, très maigre. Enfin le premier abord n’est pas en sa faveur, mais lorsqu’on l’examine avec plus d’attention, on voit qu’elle est bien faite, qu’elle a des manières douces et agréables, une jolie main, de beaux cheveux, un joli son de voix, de l’esprit, de la gaîté, aucune roideur allemande. En peu de tems, elle a captivé l’amitié de tout le monde, surtout

  1. Nous les passons à dessein, puisqu’on ne les connaît que trop.