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« Jamais notre littérature n’a été si stérile qu’à présent. Il ne sort rien de nos presses que d’extrêmement médiocre. Ce mot est même bien adouci, mais il faut être honnête. Cependant le roman de Caroline et l’espèce de réputation qu’il a procurée à son auteur[1] a causé une telle fermentation parmi nos têtes femelles qu’elles barbouillent une incroyable quantité de papier. Mais, Dieu merci ! nos papeteries sont en si bon état, et nos oies si bien portantes qu’elles n’ont pas encore amené la disette de ces deux articles. Elles passent leurs journées à composer des romans, leurs toilettes ne sont plus couvertes de chiffons, mais de feuilles éparses, et si l’on déroule une papillotte, on est sûr d’y trouver des fragmens de lettres amoureuses, des descriptions romantiques[2]. »

  1. Mme de Montolieu. Ce roman était intitulé Caroline de Lichtfield.
  2. Lettre du 20 janvier 1787, citée par Gaullieur dans son Étude sur l’Histoire littéraire de la Suisse française, et en partie par Ph. Godet, dans son Histoire littéraire de la Suisse romande.