Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait volontiers accepté Benjamin, mais Mme P… avait l’ambition de faire de sa fille une femme titrée. La passion de Benjamin lui monta la tête ; il s’emporta comme une soupe au lait, il voulut s’empoisonner, et finit par faire une fugue en Angleterre après avoir manqué son projet d’enlever la belle, qui y avait à moitié consenti.

« J’allais quelquefois chez M. Necker, où on voyait la cour et la ville, et plus souvent chez sa fille, à l’hôtel de Suède. Au spectacle, je m’amusai royalement. Le Théâtre français était ce qu’il n’avait jamais été et ne sera jamais plus. Mole, Thuri, d’Azincourt, la Contat, la Durienne, faisaient oublier que ce qu’on voyait et entendait, était une imitation.

« Et l’agiotage ? demanderez vous. J’avais et j’ai encore une répugnance presque insurmontable pour ce moyen de faire fortune aussi immoral que contraire à toute véritable industrie et prospérité, ainsi qu’à cette loi de la nature acclamée par Dieu : « Tu travailleras ».

« Mon Père m’écrivait souvent pour me demander quelle bonne affaire j’avais faite