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qui, en grand nombre, agiotaient à la Bourse avec succès.

« Mon oncle Juste menaît à Paris son fils Benjamin pour achever son éducation et entrer dans le monde. Nous fîmes la route ensemble. Mon oncle était un homme de beaucoup d’esprit, mais d’un caractère difficile, caustique et impérieux. Il avait une ambition sans borne pour son fils et sacrifia beaucoup pour lui donner une brillante éducation.

« L’esprit et les talens naturels de Benjamin avaient bien profité de cette éducation ; il parlait allemand, français et anglais, avait passé par tous les degrés de l’université et avait déjà fait plusieurs compositions fort approuvées. Il avait les passions vives et était peu disposé à les tenir en bride. Lorsque nous vinmes à Paris il n’avait pas encore vingt ans. À cette époque son père et lui ne vivaient pas confortablement ensemble. Mon oncle ne demandait rien pour lui, mais il était jaloux de tous ceux ayant quelque avantage qui était refusé à son fils. Le père et le fils se querellèrent pendant les dix jours que dura notre voyage dans le carrosse de mon oncle.