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« Cette cour complète se répandit plusieurs fois sur notre terrasse. Charles, parlant l’anglais comme sa langue, y fut très bien reçu. En général il y avait beaucoup de mouvement dans la société.

« À peu près en même tems arriva la Duchesse de Bourbon, mère du duc d’Enghien[1]. Elle était séparée de son mari et, quoiqu’il fût plus à blâmer qu’elle, sa renommée n’était pas bien pure. Elle vint aussi souvent à Saint-Jean. L’esprit et le talent de plaire qu’avait mon Père étaient plus excités par une princesse française, une descendante de Henri IV, qui avait de beaux yeux noirs et qui savait l’entendre, que par ces belles anglaises qui croyaient faire assez en se montrant. La duchesse n’était pas jolie, mais elle avait la grâce, le tact, qui ne manquent presque jamais à ses pareilles. Elle jouait de la harpe et chantait avec expression.

« Parmi les dames qui l’accompagnaient,

  1. La duchesse de Bourbon, était la sœur de Philippe Égalité. Le comte Ducos, qui a publié en 1900 un ouvrage sur cette princesse, ne mentionne pas le séjour qu’elle fit à Genève.