Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cidément, lui semblait un peu morne à cette époque.

Pauvre Rosalie ! La trentaine sonnait pour elle, l’âge où l’on rêve de bonheur donné et reçu avait passé sans laisser de sillage lumineux. Ses forces physiques, jamais bien considérables, allaient déclinant ; entre un père accablé de soucis pécuniaires, tiraillé par des scrupules de conscience, une belle-mère inerte, une sœur qui se taisait, il fallait certes une bonne dose de courage moral, d’oubli de soi, d’efforts intellectuels, pour chasser du salon familial les papillons noirs qui volontiers y voltigeaient.

Les comédies de circonstance, les pièces « à tiroirs », comme elle disait — un peu ce que nous appelons « revues » maintenant — étaient sa grande ressource. Elle s’en allait en famille les jouer à Pregny, chez l’amie Gallatin, aux Délices chez le voisin Tronchin, ou bien elle les jouait à son propre foyer en invitant quelques amis de Genève. On chantait aussi :


« Nous essayâmes de grands airs, des duos de Didon, et pour que Gluck ne fût