Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussi par son esprit piquant et gai, et comme l’ami de Voltaire dont il a reproduit la figure de mille manières. Cet homme aimable nous amena encore le grand acteur Préville, qui avait quitté le théâtre depuis longtems. Ce fut une matinée charmante, nos trois hommes d’esprit se faisaient valoir réciproquement. Nous fûmes étonnés de ne le trouver ni farceur ni bouffon, mais homme du monde, moraliste, ayant bien observé les hommes, et sérieux.

« J’aurais dû, lorsque je voyais des personnes célèbres, ce qui arrivait assez souvent, écrire le soir ce qu’elles avaient laissé dans mon esprit, mais, quand on est jeune, le moment présent est tout. Pense-t-on que les souvenirs seront quelque chose et que le tems qui semble venir à nous s’enfuit ? Je n’ai jamais aimé à écrire, quoique j’en eusse alors la facilité[1] ».


« Je n’ai jamais aimé à écrire ! » Il faut bien que Rosalie nous le dise pour que nous la croyions. Il est vrai qu’ici, nous avons à nous plaindre d’une lacune. La

  1. Journal à Victor.