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avait fait à Sous-Terre une grave maladie. C’est alors qu’elle jeta sur le papier quelques vers inachevés. Nous tenons la feuille jaunie qui les contient de la propre nièce de notre grand’tante, celle même qui a inspiré ces pages. Elle nous les remit les larmes aux yeux peu avant qu’elle-même aussi ne gagnât les demeures éternelles.


« J’existe ou plutôt je végète,
Tout en végétant je regrette
De n’être pas encor au port.
Tranquilles rives de la mort
Pour moi vous n’avez rien d’austère,
Eh ! n’ai-je pas sur cette terre
Assez souffert, aimé, pensé,
Reculé, puis recommencé ?
Trop peu de bien fut mon ouvrage
Et j’eus trop de maux en partage,
Mais, ô Dieu ! ta grande bonté
Laisse un appui dans la faiblesse.
Ah ! qu’il est doux dans la détresse
D’accéder à ta volonté !
Là-haut parmi les noirs nuages
Je vois reparaître l’azur,
Par de là ces lointaines plages
Je crois entendre un son très pur.