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fournit chaque jour 400 soupes aux familles pauvres qui souffrent de la cherté et de la disette du moment. De plus ils donnent aux communes environnant leur campagne les pommes de terre à 6 1/2 batz le quarteron, qui se vend partout à 13. C’est une belle manière de se distinguer, cela prouve la noblesse.

« Il me semble dans ma longue vie, après avoir entendu bien des gémissemens sur le tems, n’avoir jamais vu un été pareil.

« Tu avais raison, Adolphe m’a fait une vraie peine. Il m’a fait ressentir quelque chose de ce que l’histoire m’a fait souffrir. Ce n’est elle que sous le rapport de la tyrannie, mais c’est bien lui. Pauvre Benjamin ! je le crois un des hommes les moins heureux qui existent. Son esprit est si juste qu’il lui montre les conséquences des erreurs où l’entraînement et la faiblesse le conduisent. Chaque année j’espère que ce qu’il a de bon et de grand dans l’âme prendra le dessus et chaque année il me fait un nouveau chagrin. Dans le tems de ces terribles scènes, je me disais souvent : « s’il avait un véritable ami, si Charles était ici, il pourrait sortir de cette position critique. »