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20 septembre. — J’arrive de chez Mme de Montolieu, écrit-elle à Constance. Son fils nous a très bien expliqué le ressort et les causes de la révolution d’aujourd’hui. Notre sort est dans les mains de la France qui nous ballotte à son gré, et tous les Suisses manquent assez de politique pour lui fournir de nouveaux prétextes de continuer. Tout le gouvernement helvétique est à Lausanne, les troupes se rassemblent sur la frontière et les négociations à Paris ont commencé. Elles décideront de notre sort.

« Haïssez-vous, messieurs les hommes, blàmez-vous, bafouez-vous, puisque vous y trouvez tant de plaisir. Il m’est permis de vous oublier, de penser à mes absens, de m’occuper de mes fleurs.

30 septembre. — J’ai été jusqu’à Chamblande, jusqu’à cet endroit d’où l’on voit les deux bouts du lac ; le plus beau païs, le plus beau tems, la plus belle saison qu’on puisse imaginer n’ont fait qu’augmenter ma tristesse. Des groupes de vendangeuses partout, point d’hommes. Des femmes même portent la brande, on n’entend aucun chant, aucun de ces cris natio-