Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, II, Eggimann.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

allaient pénétrer dans mon réduit et qu’ils tiraient par le soupirail de la cave, je pris ma résolution ; je saisis une buche de bois et je sors me jeter au milieu de mille Cannibales, je crie et je jure aussi fort qu’eux, mon air furieux et hardi me fait prendre pour un des leurs, mes culottes blanches sont cependant suspectes et manquent plusieurs fois de me coûter la vie, je gagne la rue que je trouve couverte de sang et de cadavres de nos soldats. Au bout d’une demi-heure je parviens heureusement à un hôtel garni, je gagne le grenier où je trouve un de nos soldats blessé, le maître du logis en amène deux autres, il nous cache, nous déguise et nous nourrit jusqu’à la nuit. Pendant tout ce tems le feu continuait de plus belle, on démolissait le château, on l’incendiait, ceux de nos soldats échappés d’abord par le jardin sont massacrés, mutilés, dépouillés, on les étale au milieu des rues et chaque passant se plaît à leur plonger le sabre dans le corps, 130 prisonniers des nôtres sont menés à la Grève et fusiliés l’un après l’autre, on fait au milieu de la cour des thuileries un grand feu de tous les meubles du château et l’on