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— Ah ! le cruel ? il ne veut pas croire à mon indifférence. Mais serait-il possible qu’il m’eût regardée comme « un présent de la Providence ? » S’est-il vraiment dit que mon cœur pourrait être celui où reposerait le sien ? Si je pouvais le croire ! N’ai-je pas été trop froide, même dure avec lui, tandis que lui cherchait à contribuer à mon bonheur ? Ah ! combien j’ai mal récompensé sa bonté ! Un mot de sa lettre me blesse pourtant. En me demandant mon portrait, il s’enquiert de « l’état de ma fortune ». Se pourrait-il qu’un être aussi intéressant fût intéressé ? Non ! c’est par affection pour moi qu’il me parle ainsi. Ne lui répondrai-je pas pour lui donner sur moi les informations qu’il aurait si bien pu demander à Mme Williams ? Le plus pressé d’ailleurs est de m’assurer de la discrétion de celle-ci, mais comment ? Oserai-je jamais me présenter devant elle ?


Mme Williams était assurément une dame à la fois très aimable et très discrète ; sociable de sa nature, puisque son salon était ouvert à tous les émigrés, elle savait réserver certaines heures aux confidences