Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, I, Eggimann.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 20 —

menait ses quatre enfans. Ce tems était donné au plaisir et faisait une trêve à ce que l’éducation a de pénible et d’ennuyeux. Là il nous laissait nous livrer, il se livrait avec nous, à toute la gaîté, à toute l’insouciance de notre âge. Tout le jour, nous courions dans les vignes et sur les montagnes, le soir il nous faisait danser au son de sa mandoline. Je le vois encore nous plaçant aux quatre coins de la chambre, j’entends l’air au son duquel nous nous mettions en mouvement. Ces heureux momens de l’automne où nous étions réunis à nos frères et à notre Père étaient attendus et promis comme une récompense, et nous ne quittions jamais Lalex sans regrets[1]. »


C’est à cette époque que Samuel reçut de Mme  Denis la curieuse lettre qui suit et qui nous ferait présumer qu’il avait demandé à la nièce de Voltaire de faire son bonheur.


« Ce 29 juillet, de Paris… Vous me dites que vous êtes libre présentement, et qu’il ne tient qu’à moi de disposer une seconde

  1. Cahiers verts, gardés dans la famille, 1782-1800.