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Des enfants qui fréquentaient, qui coudoyaient le terrible homme ! n’était-ce pas une société dangereuse pour de petits aristocrates calvinistes ?

En effet, Mme  Pictet emmenait parfois ses petits-enfants quand elle s’en allait à Ferney. Cinquante ans plus tard, Rosalie évoqua ses souvenirs sur Voltaire à la demande d’un Genevois, M. L. Simond, qui désirait y puiser des renseignements pour la rédaction de son ouvrage intitulé Voyage en Suisse (Paris 1822).

Cet écrit de la main de Rosalie nous apprend comment, avec ses frères et sa sœur, elle jouait dans le jardin et même dans la chambre de travail du philosophe.


« Dans ses tems de misanthropie même, nous dit-elle, il voulait toujours revoir ses anciens voisins et recevait bien jusqu’aux enfans. Il les laissait jouer dans sa bibliothèque avec un grand léopard empaillé placé au milieu, ouvrir ses livres, regarder ses estampes. Les voyant un jour ôter les hannetons d’un arbuste : — Oh ! dit-il, je suis bien heureux, je n’avais plus que deux ennemis, les Turcs et les hanne-