Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, I, Eggimann.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 16 —

comme elle était tendre aussi ! combien maternelle ! Et puis, déjà elle devait avoir cet esprit de répartie, cette saveur d’originalité, cette naïveté dans les jugements que ses amis admirèrent en elle plus tard ; déjà son goût pour les fleurs et la musique devait amener des sourires sur ses lèvres, des éclairs dans ses yeux.

Rosalie eut peu d’amies à Genève. Elle ne fit partie d’aucune des Sociétés du dimanche qui réunissaient en petites coteries les jeunes Genevoises d’alors. Cela tient, nous dit-elle elle-même quelque part, à ce que dans ce temps-là les portes de Genève se fermaient en hiver à quatre ou cinq heures et que, lorsqu’on habitait la campagne, il était impossible de pénétrer dans la cité passé ce moment. Et puis, n’y avait-il pas autre chose ? Le père de Rosalie ne faisait-il pas un peu peur aux contemporaines de ses filles ? Enfin nous serions tentés de croire qu’on pourrait évoquer ici le refrain d’une vieille chanson :

C’est la faute à Voltaire.