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tant plus qu’on se sentait sur un terrain défendu…

Tout à coup, la voix de grand’mère se fait entendre !… vite on dégringole le long de l’escalier qui ressemble à une échelle ; Rosalie passe la première pour essuyer l’orage, mais le bois est pourri, un échelon cède, un des enfants tombe sur celui qui précède ; dans son effort pour retenir l’avalanche, Rosalie se brise l’épaule…

On remboîta tant bien que mal cette malheureuse épaule, mais, toute sa vie, Rosalie resta un peu contrefaite et, depuis lors, elle ne grandit plus guère. En outre de cette imperfection, Rosalie était très myope, ce qui fut toujours une épreuve pour elle. Voici le portrait peu flatteur que trace d’elle son père dans une lettre qu’elle reçut de lui à l’âge de quatorze ans, au moment, il est vrai, où elle était en plein dans ce qu’on convenu d’appeler « l’âge ingrat » :


« Si au lieu d’être bougeante, inquiétante, clignotante et autre chose en ante, tu devenais tranquille, douce, etc., tu en serais plus aimable ; ce serait tout au profit de