Elle avait de beaux yeux et un joli talent de déclamation.
La voilà donc accueillant à minuit toute une famille d’émigrés dans la modeste maison de son père, à Pregny. Cette maison, qui n’existe plus, devait être située non loin du village de ce nom, et tout près du château de Tournay. Au pied de ce château se trouvait à ce moment le camp français dont Rosalie va nous parler.
« Deux camps étaient établis près de Pregny ; dans le village était un paquet de troupes françaises avec un officier. Ils y avaient passé tout l’hiver en observation de ce qui arriverait à Genève. L’officier était ami de la maison, il confirma ce que nous avions dit et raconta même davantage.
« Notre excellent ami, M. Gallatin nous arrangea tous le mieux possible et eut de la peine à consentir au parti que prit mon Père de conduire le lendemain Victor à Dardagny, où le ministre Vallette tenait une bonne pension. Mon Père pensait aussi à nous éloigner Lisette et moi, ce ne fut qu’à nos ardentes instances pour ne pas