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étaient coupées de quelques voyages à Lausanne et surtout de séjours de nos parens. Notre bonne grand’mère vint toutes les années jusqu’à l’avant-dernière de sa vie. Mme de Charrière [qui avait été Mlle de Saussure de Bavois] cousine germaine et intime amie de mon Père, faisait notre bonheur quand elle arrivait. Son activité, sa gaîté animait tout…

« Je crois voir encore mon Victor courir sur la terrasse de St-Jean en petite robe brune, un jour que l’Empereur Joseph II vint s’y promener. C’était un beau jour de l’été 1777. Il n’était point attendu, et, poursuivi, excédé par la foule, il parut respirer avec plaisir dans une demeure dont le propriétaire, par déférence, n’eut point l’air de le reconnaître. Sa visite fut agréable, mais au bout d’une heure, les importuns forcèrent les portes. Un syndic, sans égard pour son incognito, vint lui dire avec de grandes démonstrations de respect : « Votre Majesté est le cinquième empereur que nous ayons l’honneur de voir dans notre ville. » — « Puissiez-vous vivre assez pour voir le sixième », dit Joseph, et il partit ».