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mes enfans ? Je me suis décidé tout d’un coup parce que j’ai vu que Lisette était toujours au même point et prend de plus un caractère concentré, taciturne, triste qui devient insupportable. Veux-tu que je la laisse croupir dans ces défauts et venir à vingt ans sans avoir fait ce que je crois nécessaire ? Avoue qu’il y a plus de générosité à ne pas se rendre aux tendres et bonnes raisons de notre chère maman, ny aux petites larmes de ses chères filles, ny aux grands cris de la grand’mère Pictet, née Cramer, ny à l’avarice qui dit aussi tout bas que cela coûtera beaucoup, que peut-être il faudra vendre le cabriolet. Je ne te dis que la plus petite partie de mes raisons et pourtant je suis sûr que tu vois déjà la pauvre Lisette faire son paquet avec moins de répugnance. Je vois déjà à un an ou deux d’ici une grande et belle reine qui sera gaie et naturelle, prévenante et nous charmant tous, je la vois reçue avec tendresse par une blonde à l’air fin, à l’esprit vif et cultivé… Ma chère Rosalie, prie Dieu que je ne me trompe pas[1]. «

  1. MCC. Bibl. de Genève.