Quand vint la nuit, Magnus sella les chevaux de M. de la Guerche et de Mlle de Souvigny, et jeta sous leur nez un boisseau d’avoine.
Carquefou l’imita scrupuleusement.
— Il ne faut rien négliger de ce qui est bon, dit-il, ni le vin ni les précautions.
Et bientôt les chevaux de M. de Chaufontaine et de Mlle de Pardaillan n’eurent rien à envier à leurs voisins. Ils avaient la selle sur le dos et double provende dans leur auge.
Armand-Louis et Renaud se gardèrent bien de faire part de leurs craintes à leurs compagnes. Magnus pouvait se tromper dans ses prévisions, et il était tout au moins inutile de les faire vivre toute une nuit dans des alarmes que le matin se chargerait de dissiper ou de justifier. Ils se bornèrent à les engager à se tenir prêtes à partir aux premiers rayons du soleil levant.
Les réjouissances se prolongèrent bien avant dans la nuit. Les postes que M. de Falkenberg avait eu soin de placer le long des remparts, pour avertir la garnison en cas d’alerte, se dégarnissaient petit à petit. Les soldats, encore fidèles à la consigne, mais fatigués par de nombreuses libations, s’endormaient les uns après les autres. Le silence succédait aux chants ; et bientôt on n’entendit plus, dans la ville livrée au sommeil, que le bruit vague et flottant que faisaient quelques bons bourgeois en cherchant leurs demeures d’un pas chancelant.
Même silence dans la campagne. Des feux de bivouac, qui s’éteignaient, piquaient çà et là l’horizon de leurs flammes fouettées par le vent.
Cependant, à cette heure indécise où de pâles lueurs se répandent dans le ciel et font sortir confusément de l’ombre les arbres et les maisons épars dans les plaines, une rumeur