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vers les combattants, comme si elle eût voulu que le mort fût le témoin de cette lutte implacable destinée à le venger.

Cette fois, Armand-Louis avait affaire au plus terrible jouteur qu’il eût rencontré. Pas de feinte, pas de ruse qui fussent inconnues au capitaine Jacobus ; il se faisait de l’épée et du poignard un bouclier agile et vivant, d’où partaient mille ripostes promptes comme la foudre. Un nuage passa sur le front de Magnus, qui serra la poignée de Baliverne.

Mais Armand-Louis parait tous les coups et multipliait les siens avec une rapidité et une précision qui augmentaient avec la résistance.

On n’entendait que le cliquetis du fer et le souffle de deux respirations courtes, pressées, ardentes.

À mesure que les deux adversaires changeaient d’attitude, Marguerite tournait entre ses genoux la tête du roi mort, afin que sa face blême menaçât toujours le capitaine Jacobus.

Un instant, les yeux de l’aventurier rencontrèrent ce visage terrible ; il frissonna, et l’épée d’Armand-Louis le toucha en pleine poitrine ; mais le fer rencontra les fines mailles d’un justaucorps d’acier pris sous le pourpoint de buffle, et vola en éclats.

— Ah ! bandit ! s’écria M. de la Guerche.

Un cri de joie féroce lui répondit.

Magnus devint pâle, et on le vit brandir Baliverne ; mais au moment où Jacobus, qui se croyait sûr de la victoire, fondait sur M. de la Guerche, la main de Marguerite tendit au gentilhomme une épée rouge qu’elle avait ramassée dans le sang.

— C’est l’épée du roi ; tuez cet homme ! dit-elle.

Le bras du capitaine Jacobus hésita ; le coup qu’il destinait