Page:Achard - Envers et contre tous, Lévy frères, 1874.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les dragons se divisèrent en deux bandes, les mieux montés se rangeant autour de M. de Collonges.

— Adieu, Baliverne, dit Carquefou à Magnus ; Frissonnante me paraît en danger de mort, mais elle a aussi une petite rancune à payer… Si chemin faisant nous expirons de compagnie, pardonne-nous en souvenir des émotions qui ne nous ont pas été ménagées.

Bientôt après, la troupe qui suivait Renaud s’effaça dans l’éloignement.

Lorsque M. de la Guerche reparut sur le champ de bataille, le jour était fini. On ne voyait plus çà et là, au milieu des clartés douteuses du crépuscule, que quelques blessés qui se traînaient lentement pour gagner les ambulances.

Dix mille morts couvraient la plaine. Un silence funèbre enveloppait cette foule immobile, tout à l’heure agitée par le vent de toutes les passions violentes. Au milieu des ombres qui allaient s’épaississant de minute en minute, Armand-Louis, M. de Saint-Paer et Magnus cherchaient le corps du roi.

Comme ils erraient silencieusement au milieu des rangs confondus des Impériaux et des Suédois, il leur sembla qu’une forme noire pareille aux fantômes allait et venait dans la nuit.

— Serait-ce déjà le capitaine Jacobus ? murmura Magnus.

Armand-Louis s’approcha. Une femme alors, levant son voile, le regarda.

— Ne me reconnaissez-vous pas ? dit-elle.

— Marguerite !

— Oui, Marguerite, qui pleure et ne se consolera jamais ! Partout où le roi est allé, je suis allée ; à Leipzig, au passage du Lech, à Nuremberg ! Il était ce matin à Lutzen, j’y étais aussi. Il combattait, et je priais. Dieu n’a pas voulu que l’