— Le comte de Tilly saura désormais ce que c’est que Magdebourg ! dit-il avec emphase.
— Et vous, Magdebourgeois, souvenez-vous du sort de Maestricht ! dit Magnus.
Tous les yeux se tournèrent vers le vieux soldat : un long frémissement parcourut l’assemblée.
— Un soir, Maestricht, il n’y a pas longtemps de cela, se crut sauvé, poursuivit Magnus : l’ennemi reculait, fatigué d’attaquer en vain ses remparts… le lendemain Maestricht était pris. Si vous ne voulez pas vous réveiller dans l’incendie et dans le sang, veillez, bourgeois !
Un messager entra, porteur de nouvelles. Il avait vu les régiments wallons du corps de Pappenheim en marche sur la route de Schœnbeck.
— Une portion nombreuse de l’artillerie s’ébranle pour les suivre, ajouta-t-il.
À ces mots, un grand tumulte éclata dans la salle. On ne pensait plus à ce qu’avait dit Magnus que pour le railler.
— Si vous êtes malade, ami, ne buvez pas, mais laissez-nous nous réjouir en paix ! lui cria le bourgmestre.
— Foin du hibou qui ne veut pas qu’on s’amuse ! dit un autre.
— Si vous avez peur à Magdebourg, camarade, partez pour Maestricht !
C’était à qui lancerait son mot ; mais, tandis que les uns parlaient, d’autres, qui avaient rendu visite aux caves de l’Hôtel de Ville, chargeaient les tables de bouteilles et de brocs.
— Bon appétit, messieurs, dit Magnus froidement. Je ne m’assiérai pas au banquet des funérailles.
Cependant Armand-Louis s’était approché de M. de Falkenberg, et lui faisait part de ce qu’il avait vu et de ce qu’il